Lu sur Nations Presse Info, posté par Willy Legrand
Comme
l’a relevé le site de la fédération Front
National de la Somme cette nuit, Jean Leonetti (UMP), ministre chargé
des Affaires européennes, invité dans le débat face à Marine Le Pen sur BFM TV,
a essayé de contredire la candidate du peuple en affirmant que son programme
économique, qui comporte le retour à une monnaie nationale, « faisait le
jeu des spéculateurs ». Comme le lui a répondu Marine Le Pen, ce sont de
fausses affirmations.
Jean
Léonetti met dans le même sac des économistes de diverses tendances en
affirmant que « tous les économistes le disent » sans plus de
précision.
Léonetti,
qui cite Jacques Sapir, ne sait même pas que ce dernier a clairement
dit dans l’émission « Ce soir ou jamais » en décembre 2010 que
« la crise terminale de l’euro » interviendrait au cours de
« l’hiver 2011-2012 ».
Aussi,
dans la conclusion de son document
de travail (au format pdf) daté du 6 avril 2011, Jacques Sapir
écrit :
« La
sortie de l’euro apparaît comme une opération complexe, soumise à des
risques qu’il ne faut pas sous-estimer (en particulier la spéculation
internationale, mais aussi de dérapage inflationniste), et qui doit être
intégrée dans une politique globale de reconstitution de notre appareil
productif pour donner son plein potentiel. Nous avons indiqué ci-dessus les
mesures qu’il convient de mettre en œuvre pour limiter autant que faire se peut
ces différents risques. Mais, loin d’être impossible, d’être une
politique « extrémiste » ou de constituer une « folie »
comme on a pu le lire et l’entendre depuis quelques mois, elle
apparaît comme parfaitement possible et maîtrisable dans le cadre actuel,
dans la mesure où elle serait planifiée ainsi que décrit dans ce document de
travail. »
[...]
« Les dernières études publiées tendent à
montrer que les effets à court terme de la dévaluation seront largement
positifs. De même, les études récentes tendent aussi à démontrer
l’inanité de l’argument que l’euro nous aurait protégé de la crise. En fait, la combinaison d’une souveraineté
monétaire retrouvée et d’un contrôle des capitaux (assurant une
convertibilité en compte courant seulement) qui redonnerait à la France la
maîtrise de son taux d’intérêt apparaît comme largement suffisante pour
faire face à des chocs macroéconomiques externes.
Il
importe donc de penser une politique susceptible de consolider ces effets
positifs et de les transformer en l’amorce d’une véritable spirale de
croissance mais aussi de meilleure répartition et de justice sociale. Tel est
bien le véritable enjeu caché d’une sortie de l’euro ; cette dernière ne
prend sens véritablement que si elle est mise au service d’une politique
industrielle ambitieuse, dont elle fournit à court terme les conditions de
financement ainsi que les gains instantané de productivité nécessaires au
démarrage d’une telle politique, mais qui doit par la suite prendre le relais
des effets positifs de la dévaluation et assurer la stabilité de la
croissance dans le moyen et le long terme.
De
ce point de vue, elle apparaît comme une condition nécessaire et même une
condition indispensable à la mise en place d’une politique alternative mais
une condition nullement suffisante et qui ne saurait remplacer la volonté
politique. »
Il
faut donc que Léonetti et Estrosi arrêtent de répéter la bouche en cœur
l’argumentaire UMPiste qui les ridiculise. Comme l’a soulevé Le Figaro dans
un article du 17 septembre 2011, intitulé « Euro : la revanche des francs-tireurs« ,
Jacques Sapir, avait transmis une note confidentielle où il est écrit que
« la crise grecque a pris une tournure clairement incontrôlable. Un
défaut de ce dernier pays ne peut plus être évité. Il peut seulement être
retardé. Il peut survenir à partir du mois d’octobre 2011, même s’il est encore
probable qu’il se produira entre novembre et décembre 2011 ».
La
conclusion est plutôt clairvoyante :
« L’agonie de l’euro peut durer de six à dix-huit mois. Ses
conséquences politiques peuvent être dramatiques tant à l’intérieur de chaque
pays (et des élections sont prévues dans nombre de ces derniers en 2012 et
2013) qu’au sein de l’Europe. Dans la situation actuelle, la meilleure des
solutions consisterait en une dissolution de la zone, qui permettrait de mettre
en avant immédiatement les institutions nécessaires à une transition ordonnée.
A défaut d’une telle solution, il convient de se prémunir contre les effets les
plus néfastes de cette agonie, en prenant les mesures unilatérales de
sauvegarde qui ont été détaillées dans des documents antérieurs et, le cas
échéant, en sortant de l’euro. »
Bref,
c’est pas faute d’avoir prévenu !
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